Castigat ridendo mores...*

Publié le par Mariel

Il y a quelques semaines, une amie m'a conseillé de lire Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen. "On rit à chaque page". Le nom de l'auteur m'était familier: Arto Paasilinna, le père finlandais du Lièvre de Vatanen, de La douce empoisonneuse ou encore de Petits meurtres entre amis. Peu après, j'aperçois ce même roman dans l'étagère des coups de coeur de ma librairie. Aussitôt vu, aussitôt acheté. C'est ma lecture de l'été n°3.

* Castigat ridendo mores est une expression latine qui signifie, en gros, "corriger les moeurs par le rire".



Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen
Arto Paasilinna

1995 (éd. originale)
Ed. Gallimard Folio, 2009





Résumé
Le pasteur Huuskonen va mal. Ses relations avec sa femme deviennent de plus en plus compliquées, distantes. Il préfère batifoler. Il doute de sa foi et considère Jésus Christ comme un guérillero très fort en rhétorique. Ses ouailles se lassent de ses sermons, toujours plus scandaleux. Ses supérieurs ne savent plus quoi faire de lui... Bref, la dépression le guette. Pourtant, le pasteur y échappe. Un incident le propulse en effet au rang de héros local et pour le remercier, les villageois lui offrent un ourson, le bien nommé Belzéb - cadeau empoisonné, bien évidemment, surtout destiné à faire rager la pastoresse! -. Contre toute attente, le pasteur tisse des liens très forts avec son ours, à tel point que la femme les met dehors. Tous deux partent alors à l'aventure...

Mon avis
Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen se lit vite et bien. Les aventures et les rencontres, un brin burlesques, du pasteur et de son ours constituent une sorte de roman d'apprentissage pour adulte en crise d'identité. Sur les routes, le pasteur s'interroge sur sa foi, sur le sens de la vie, etc. L'ours que le pasteur tente de civiliser devient une sorte de reflet (ou contre reflet?), mettant ainsi en valeur les travers du pasteur ou le rappelant à l'essentiel...
Arto Paasilinna a l'écriture légère: à chaque page se glisse un portrait tour à tour attendrissant, drôle, mordant ou parfois cinglant de notre société. Par exemple: une organisatrice de banquet qui finit sur un fil électrique plus grillée que son poulet, une scientifique qui devient bigote, etc... Autant de personnages que de situations burlesques, drôle et ironiques. A chaque fois, il met en relief l'absurdité de nos comportements, de nos modes de pensées. C'est au final une lecture qui dépasse la simple fiction: elle nous interroge.

En bref: un bon moment de lecture.


Extrait du chapitre 3 (p.34-35)

[…] L’on réfléchit au cadeau à offrir au héros du jour. Il fallait quelque chose d’original et d’emblématique. C’est alors que quelqu’un suggéra de faire don au pasteur de l’ourson mâle que l’on avait recueilli à peu de frais dans le sapin du jardin de l’organisatrice de banquets Astrid Sahari. […] On avait beau avoir proposé l’orphelin non seulement au parc animalier d’Ahtari, mais aussi au zoo de Korkeasaari et jusqu’à Lulea, en Suède, personne n’en voulait. On n’avait pas pour autant le cœur de le tuer, et voilà que s’offrait l’occasion d’en faire cadeau au pasteur Oskar Huuskonen. L’idée semblait bonne, car l’homme était originaire de Laponie, et fils d’un chef de flottage, donc en un sens proche de la nature primitive et sauvage, du moins par sa naissance, et le gratifier d’un ours semblait tout à fait approprié. D’autant plus que l’on échapperait ainsi à la nécessité de lancer une collecte auprès des paroissiens pour l’achat d’un autre présent.

Personne n’ajouta tout haut qu’un ours vivant était un cadeau particulièrement bien choisi pour l’intransigeant ministre du culte : il aurait là de quoi méditer. C’était en outre une bonne occasion de rabattre son caquet à l’arrogante pastoresse imbue de sa personne et de son statut de suédophone, toujours prompte à critiquer Nummenpaa et ses habitants. Quand elle aurait à nourrir l’ourson et à nettoyer le tapis du salon de ses crottes, peut-être se rendrait-elle compte de ce que les gens pensaient d’elle. On pouvait aussi secrètement espérer que lorsque l’ours aurait grandi, il se déciderait, un jour de rogne, à se jeter sur le pasteur et la pastoresse avec assez de sauvagerie pour laver d’un coup tous les affronts accumulés.

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T
C'est même totalement loufoque. Du coup moi je n'ai pas vraiment accroché, j'ai même eu du mal à tenir jusqu'à la dernière page. Mais j'envisage toujours de lire "le lièvre de Vatanen" (je ne m'arrête pas sur un seul avis, même les plus grands ont des faiblesses passagères)
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M
<br /> <br /> Je pense aussi lire "Le lièvre"... Le côté loufoque, c'est vrai, on aime... ou pas. Mais on entre facilement dans l'histoire!<br /> <br /> <br /> <br />
E
j'aime bien la couv. j'avais lu le lièvre de vatanen que j'avais bien aimé
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M
<br /> <br /> J'aimerais aussi le lire...<br /> <br /> <br /> <br />
G
La couverture m'intrigue !!
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M
<br /> <br /> Moi aussi, elle a joué dans mon achat!<br /> <br /> <br /> <br />
M
je n'ai pas toujours été fan de Arto Paasilina, sauf peut-être avec Suicides entre amis.<br /> (en tout cas la couverture de celui-ci semble très belle)<br /> <br /> à très bientôt dans la communauté "sur l'étagère de mon mur".<br /> <br /> Mandarine
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M
<br /> <br /> J'aimerais lire "Petits suicides entre amis".<br /> <br /> <br /> <br />
P
Je n'ai jamais lu cet auteur, et je ne suis pas sûre d'apprécier, le résumé montre que c'est assez loufoque, non?
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M
<br /> <br /> Oui, c'est loufoque. C'est le mot. Mais on entre facilement dans l'histoire et cette dernière est très intéressante.<br /> <br /> <br /> <br />